Un beau cadeau pour l’été en cours, nous avons pris un mois de vacances. Comme les Américains disent, en staycation, contexte sanitaire oblige. Le monde se déconfine tranquillement et j’anticipe le retour au boulot et l’impact que cela aura sur ma charge de travail.
Rapatrier les employés au bureau ne sera pas une mince affaire. Rébarbatifs au départ, nombreux sont ceux qui ne veulent tout simplement pas revenir dans le modèle traditionnel. J’ai apprécié aussi ces longs moments passés à la maison pour le gain du temps personnel, quoi que l’économie du temps de transport s’est majoritairement transformée en plus de temps devant l’écran pour répondre à mes courriels professionnels…
Je suis à 7 ans de ma retraite, 2 634 jours plus exactement. Vous me direz que c’est encore long, mais les saisons passent vite. Sept rentrées universitaires automnales, 21 périodes d’admission. J’ai plus d’années de carrière derrière moi que devant. Moins de choses à prouver aussi. Les sept prochaines années ne seront pas pour gravir d’autres échelons. Pendant mes vacances cet été, j’en suis venue à la conclusion qu’il fallait me fixer d’autres objectifs qui ne sont pas d’ordre professionnel. Le focus n’est plus de développer le savoir-faire de gestionnaire mais mes autres aptitudes en vue des grandes vacances, celles qui débuteront à mes 59 ans et demie.
Comme je ne souhaite pas rester assise à attendre le jour J, j’aspire à me projeter dans l’action mais autrement qu’en cochant les projets et les dossiers terminés sur ma todo list. L’idée est de profiter de ce temps pour rééquilibrer le temps passé au travail, qui est bien au-delà du requis pour ma fonction, et de canaliser cette énergie vers mes projets personnels. Prendre plus de temps pour moi, me détacher tranquillement de mon travail pour qu’il soit un gagne-pain et non plus un instrument de réalisation. C’est comme un exercice de désensibilisation graduel. Quand toute ta vie s’est centrée sur ton travail, que tu t’es permise tous les excès pour lui, c’est tout un défi.
Ce n’est pas que je ne cultive pas mes loisirs, çà j’en ai. C’est ma valeur personnelle que j’ai beaucoup trouvée dans les succès professionnels, petits et grands. Je sais que j’ai de la valeur aux yeux de mon mari, de ma famille et de mes amis, alors pourquoi j’ai tant de mal à éprouver une satisfaction à mes propres yeux autrement? Quand tu n’as pas d’enfant et que la carrière a pris toute la place, tu te demandes ce que tu vas léguer et quelle marque tu vas laisser derrière toi. Mes réalisations sont mes bébés. Je sais que j’ai été un moteur de changement chez chacun de mes employeurs. Certains m’appellent la locomotive. J’ai influencé aussi positivement des étudiants dans leur choix de carrière ou dans la persévérance de leurs études qui fait qu’ils sont là où ils sont aujourd’hui. Des petites graines qui ont germées aussi.
J’ai envie de saisir l’occasion pour ne pas rater ma sortie. Comme un acteur au théâtre, habiter à fond mon rôle et, quand le rideau tombera, saluer bassement mon public avec le sentiment du devoir accompli.